Pour les visiteurs comme pour les résidents, la transformation du parc Lansdowne au cours de la dernière décennie a permis de créer et d’améliorer un point de repère communautaire et culturel important dans notre ville. Sa revitalisation a ravivé la passion pour les sports locaux, notamment le ROUGE ET NOIR d’Ottawa, les 67 d’Ottawa, les Blackjacks d’Ottawa et l’Atlético Ottawa. Les boutiques et les restaurants qui y ont ouvert sont un ajout bienvenu, et les marchés de producteurs et les espaces verts qui s’y trouvent sont formidables pour les familles. Je crois pouvoir parler en notre nom à tous en disant que nous apprécions ce parc urbain dynamique et que nous voulons qu’il ait une longue vie dynamique au sein de notre ville.
Bien que Lansdowne soit un endroit que nous apprécions tous, le plan de partenariat de Lansdowne entre la Ville d’Ottawa et l’Ottawa Sports and Entertainment Group (OSEG), qui a été fondé en 2010, n’a pas les retombées financières escomptées. En 2022, cette réalité a incité l’OSEG à demander à la Ville de renégocier le plan de partenariat. Afin de garantir un accord plus durable, le plan a été baptisé « Lansdowne 2.0 ».
Au début du mois, le rapport Lansdowne 2.0 a été rendu public. La proposition et les modifications apportées au plan de partenariat sont importantes et nécessitent un nouvel investissement considérable de la part des contribuables, de près d’un demi-milliard de dollars. Après avoir lu le rapport, je suis très préoccupée par la proposition, et notamment par le niveau de risque financier pour la Ville, par le manque de logements abordables et par l’insuffisance des améliorations apportées à l’accès au site et au domaine public.
FINANCES
Dans ce rapport, la stratégie de financement du projet repose sur plusieurs hypothèses financières imprévisibles telles que, sans s’y limiter, des estimations des coûts du projet, des projections optimistes des bénéfices et le financement par d’autres ordres de gouvernement. Si l’une de ces hypothèses ne se concrétise pas, ce sont les contribuables qui finiront par payer la facture.
Le coût actuel du projet est de 419,1 millions de dollars. Toutefois, il ne s’agit que d’une estimation de classe C, ce qui signifie que le projet n’en est qu’à ses débuts et qu’il est probable que les coûts augmenteront au fur et à mesure de l’avancée de la phase de conception détaillée. Selon toute vraisemblance, le coût final du projet sera plus proche du demi-milliard de dollars.
Pour financer ce réaménagement, le personnel propose un certain nombre de stratégies, dont l’émission de plus de 330 millions de dollars de nouvelle dette municipale. Cette dette coûtera aux contribuables 16,4 millions de dollars par an et dépend fortement des mouvements de trésorerie positifs et des bénéfices du partenariat pour son remboursement. En théorie, cela semble être un pari sûr, mais au cours des dix dernières années, Lansdowne n’a pas été une entreprise rentable, ce qui fait de ce nouvel accord un véritable pari, que je ne suis pas prête à faire avec votre argent.
Le risque financier de ce nouveau plan de partenariat Lansdowne est élevé et, contrairement au projet Lansdowne 1.0, dans le cadre duquel la Ville était protégée et ne supportait pas la charge des pertes annuelles, dans ce nouvel accord, la Ville est totalement exposée et partage à la fois les profits et les pertes potentiels. Cela est extrêmement important, car si le site ne produit pas de recettes annuelles, ce qui est le cas à ce jour, une part de plus en plus importante de vos impôts sera utilisée pour rembourser la dette. C’est de l’argent qui ne sera pas disponible dans les années à venir pour investir dans nos routes, nos parcs, nos logements et nos services de transport.
Outre les risques liés aux prévisions des bénéfices, l’accord financier dépend également de la réception d’un financement de 20 millions de dollars de la part des gouvernements d’ordre supérieur, un engagement que nous n’avons pas reçu. En l’absence de ces fonds, le personnel pourrait être amené à émettre davantage de dette, ce qui continuerait à peser lourdement sur nos ressources déjà limitées.
Si les finances du projet Lansdowne 2.0 laissent beaucoup à désirer, ce n’est pas la seule considération que le Conseil prendra en compte lorsqu’il décidera d’approuver ou non le plan proposé.
LOGEMENT
Comme beaucoup d’entre vous l’ont reconnu, le plan Lansdowne 2.0 prévoit un nombre considérable de nouveaux logements, jusqu’à 800 habitations sur le site. Nous sommes confrontés à une crise du logement abordable, et la création de 800 nouveaux logements est un argument convaincant.
Toutefois, il est important de souligner que sur les 800 habitations, aucune ne sera considérée comme abordable. Il s’agit d’un écart important par rapport au plan initial, qui prévoyait que 10 % des logements sur le site soient abordables. Comme nous le savons, tous les logements ne sont pas égaux, et l’augmentation de l’offre de logements par la construction d’appartements en copropriété de luxe n’aura pratiquement aucune incidence sur l’accessibilité générale.
L’une des options proposées consiste à construire des logements abordables en dehors du site, afin de compenser l’absence de logements abordables sur le site. Cela signifierait non seulement que les logements pourraient être construits plus rapidement, mais aussi qu’ils pourraient inclure des habitations très abordables. Le principe est intéressant et devait être financé par la politique de la Ville, qui stipule que 25 % de tous les revenus produits par la vente de terrains/droits de propriété du dessus de la Ville devraient être alloués à des logements abordables. La vente des droits de propriété du dessus de la Ville à Lansdowne 2.0 produirait un financement d’environ neuf millions de dollars. Toutefois, ce plan demande au Conseil de n’allouer que 10 % des recettes au logement abordable, ce qui ne laisse que 3,9 millions de dollars pour la construction de ces logements, soit près de 5 millions de dollars de moins qu’auparavant.
Ainsi, non seulement aucune habitation abordable n’est proposée sur le site de Lansdowne, mais la Ville n’honore pas non plus sa propre politique et son engagement en faveur du logement abordable, en demandant au Conseil de renoncer à plus de cinq millions de dollars de financement pour de nouvelles habitations abordables en faveur du réaménagement d’un stade sportif. Compte tenu des besoins actuels de nos résidents, la pilule est difficile à avaler.
ACCÈS AU SITE ET DOMAINE PUBLIC
L’un des plus grands défis du parc Lansdowne est l’accès au site. Lors d’événements de grande envergure, les embouteillages autour du site sont un véritable problème. L’objectif du plan Lansdowne 2.0 est d’attirer un million de visiteurs supplémentaires par an sur le site, mais aucun changement n’a été proposé pour améliorer les transports vers le site. La manière dont le site accueillera ces nouveaux visiteurs n’est pas claire, ce qui est une source d’inquiétude et une occasion manquée compte tenu de l’investissement que l’on nous demande de faire dans le parc.
Pour ceux qui fréquentent les lieux de sport et de divertissement, ce nouveau plan supprime également la colline qui permet actuellement aux spectateurs d’apprécier les festivités depuis l’arrière-plan et la remplace par un stade qui compte moins de sièges, sans le toit vert qui avait été proposé précédemment, le tout en augmentant le prix des billets. La proposition comprend également le remplacement des gradins du côté nord et la suppression du toit qui protège actuellement les supporters qui assistent à un match par mauvais temps. Il s’agit d’une caractéristique très appréciée des amateurs de sport, et sa suppression aura un effet négatif sur l’expérience globale le jour du match.
RÉSUMÉ
Bien que j’aie mis en évidence de nombreux défis que je constate dans la proposition actuelle du projet Lansdowne 2.0, il ne s’agit pas d’une liste exhaustive. Pour moi, le plus grand risque de ce plan est la charge financière imposée à la Ville, en particulier dans le contexte actuel de crise du coût de la vie. Je crains que l’approbation de la proposition du projet Lansdowne 2.0, en l’état, soit financièrement irresponsable.
S’il est important que nous soutenions la réussite durable de Lansdowne, ce n’est pas la seule voie à suivre. Les rapports ont montré que le stade et l’aréna sont structurellement sains et qu’avec un entretien adéquat, ils ont encore une longue durée de vie. Je souhaite inciter le Conseil à élargir notre champ d’action et à s’assurer que nous explorons toutes les options possibles avant de nous inviter à approuver ce plan. Qu’il s’agisse de nouvelles stratégies financières, voire de nouveaux partenariats, nous devons être sûrs de prendre la meilleure décision pour notre ville.
Lansdowne restera toujours un lieu important. Avec la bonne vision, en s’appuyant sur des partenariats stratégiques et en gardant nos résidents à l’esprit, nous pouvons faire en sorte que Lansdowne reste un parc dynamique pour tout le monde.
Le projet Lansdowne 2.0 sera examiné lors d’une réunion conjointe du Comité de la planification et du logement et du Comité des finances et des services organisationnels le 2 novembre et lors d’une réunion extraordinaire du Conseil le 10 novembre 2023. Je vous encourage à participer à ces réunions et à faire part de votre avis sur ce projet à mon bureau à l’adresse suivante : Jessica.Bradley@ottawa.ca.